• Les législateurs européens distancés par les constructeurs de camions sur le front des émissions de CO2

    Des objectifs européens trop faibles en ce qui concerne les camions pour encourager une production suffisante de véhicules zéro-émission en émissions

    Selon une étude récente, les législateurs européens sont à la traîne par rapport aux constructeurs de camions en ce qui a trait aux émissions de CO2. Les améliorations dans les domaines de l’aérodynamique et de l’efficacité énergétique permettent aux camions d’atteindre d’ores et déjà les objectifs de réduction de CO2 européens fixés pour 2025 en se contentant de produire quelques véhicules zéro-émission en émissions. Pour T&E, l’UE doit augmenter ses objectifs afin d’accroître la production de camions neutres en émissions au cours de la décennie et ainsi assurer la décarbonation du secteur à temps.

     Lucien Mathieu, directeur adjoint du transport chez T&E, a en effet déclaré : « Les constructeurs de camion prennent le virage écologique plus rapidement que les législateurs, ce qui est une absurdité. Toutefois, il ne s’agit pas d’un libre marché qui fait son travail, mais de législateurs qui échouent à faire le leur. Les constructeurs de camions sont clairement capables de décarboner plus rapidement. Il est temps de les y contraindre. »

    Le constructeur de camions suédois Scania ouvre la voie en matière d’émissions de CO2 avec des nouveaux véhicules aux niveaux d’émissions situés 5,3 % en-dessous de la moyenne pour le type de camion longue distance le plus répandu. La meilleure performance de Scania en matière d’émissions est principalement due à l’aérodynamique, dont l’amélioration a été atteinte sans avoir à produire de camions neutres en émissions.  À la traîne, Renault et IVECO présentent, eux, les émissions les plus élevées : respectivement 2,6 % et 2,4 % au-dessus de la moyenne des camions longues distances.

    L’étude démontre que si tous les camions d’Europe présentaient les mêmes performances que les modèles les plus économiques du marché, les émissions moyennes de CO2 des camions seraient réduites de 6 % dès aujourd’hui. Mais T&E avertit que les gains en efficacité seuls ne suffiront pas à mener le secteur du camionnage européen à la neutralité.

    Lucien Mathieu a ajouté : « Les camions les plus économes peuvent mener à des réductions d’émissions immédiates, mais l’efficacité ne fait pas tout. L’Europe doit augmenter considérablement sa flotte de camions neutres en émissions sur ses routes dans les prochaines années si elle veut avoir une chance de décarboner le secteur à temps. Pourtant, les objectifs de CO2 actuels ne suffisent pas à encourager les constructeurs de camions à les produire. Nous devons augmenter les objectifs au cours de la décennie. »

    La majorité des constructeurs de camions ont pris des engagements volontaires en matière de ventes de véhicules électriques qui surpassent les exigences de l’UE. D’après des annonces publiques, ces engagements volontaires mèneraient le marché à une part d’environ 7 % de véhicules zéro-émission en émissions d’ici 2025 et à 43 % en 2030 – des chiffres qui excèdent les 2 % nécessaires en 2025 pour atteindre les objectifs volontaires existants. Ces annonces montrent que l’UE peut fixer un objectif réaliste, bien que plus ambitieux, d’au moins 30 % de camions neutres en émissions d’ici 2028, selon T&E.

     

    Les émissions de CO2 moyennes des camions longues distances neufs sont plus élevées dans les grands pays d’Europe occidentale comme la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, tandis que les plus petits pays comme la Bulgarie, l’Estonie, le Portugal et la Slovaquie montrent des performances nettement meilleures. Les émissions polonaises liées aux grands camions, par exemple, sont 3,5 % plus basse que la moyenne européenne, tandis qu’en Allemagne, elles se situent 2,2 % au-dessus.

    Émissions de CO2 moyennes par État membre dans les sous-catégories de la flotte longue distance (2019-2020)