• Le bioéthanol coûte près de 400 millions d’euros à la France, sans aucun bénéfice pour le climat

    Le blé servant à produire l’éthanol utilisé par le parc automobile français représente 9 millions de baguettes brûlées chaque jour

    La réduction de 1 € par litre de la taxe sur l’éthanol utilisé dans le carburant E85 et l’essence a couté près de 400 millions d’euros à l’État français en 2021, sans aucun bénéfice pour le climat, selon une nouvelle étude de Transport & Environment (T&E). En plus de peser sur les contribuables français, la consommation d’agrocarburants menace la sécurité alimentaire mondiale. La quasi-totalité de l’éthanol consommé en France est issue de cultures alimentaires, et le blé servant à produire l’éthanol utilisé par le parc automobile français représente 9 millions de baguettes brûlées chaque jour. L’organisation demande au gouvernement français de mettre fin aux subventions et autres incitations favorisant les biocarburants issus de cultures agricoles afin de faire face à l’augmentation du coût de la vie et aux crises alimentaires.

    Des subventions coûteuses

    Selon la Cour des comptes, l’État français subventionne indirectement l’éthanol contenu dans l’E85 à hauteur d’1 € par litre, par le biais de la réduction des taxes sur les carburants, d’après un rapport de la Cour des Comptes. Le coût de ces mesures ne fera qu’augmenter pour les contribuables au fur et à mesure que les automobilistes adapteront leurs véhicules pour permettre l’utilisation de l’E85. Les biocarburants sont plus chers à produire que leurs équivalents fossiles. Leur utilisation généralisée en France entraîne un surcoût de 3 milliards d’euros par an pour les citoyens français, même si ces derniers ont l’impression qu’ils sont moins chers à la pompe grâce aux avantages fiscaux. 

    « Alors que nos concitoyens peinent à s’en sortir, le gouvernement continue de gaspiller de l’argent avec les biocarburants. Les combustibles fossiles sont certes mauvais pour l’environnement, mais les biocarburants sont un remède pire que le mal. Le gouvernement doit mettre fin aux subventions coûteuses aux agrocarburants dès maintenant. Il doit privilégier l’alimentation aux carburants. » s’alarme Lucien Mathieu, directeur de T&E France.

    La France continue de transformer chaque jour près de 2 000 tonnes de blé en éthanol destiné à son parc automobile, et ce malgré la crise alimentaire actuelle qui précipite des millions de personnes à travers le monde dans la famine et l’insécurité alimentaire. La superficie totale des terres allouées à la culture du blé utilisé pour la production de biocarburants pourrait rendre disponibles 120 milliards de kcal par jour – l’apport calorique de 53 millions de personnes, soit quatre Français sur cinq.

    Biodiesel

    Le biodiesel, composé à 85 % d’huile de colza en France, contribue également à la crise alimentaire. La France brûle plus de trois fois plus d’huile de colza et de tournesol dans les carburants que l’ensemble des huiles consommées dans l’alimentation. Cette situation entretient une pression sur le prix des huiles végétales au niveau national comme international.

    L’éthanol n’est pas une solution pour le climat

    Contrairement à ce que prétendent les industriels, l’utilisation d’éthanol à la place de l’essence fossile ne contribue pas à atténuer le changement climatique. Les terres consacrées aux cultures destinées à la production d’éthanol pourraient absorber plus de carbone de l’atmosphère si elles étaient laissés à la végétation naturelle, selon une étude récente. Aux États-Unis, les émissions liées au changement d’affectation des sols – résultant de l’expansion des terres cultivées à la suite du relèvement des objectifs de production de biocarburants imposés par le pays – ont entraîné jusqu’à 24 % d’émissions supplémentaires pour l’éthanol par rapport à celles engendrées par les carburants fossiles, d’après une autre étude récente.

    Le 13 septembre, le Parlement européen adoptera sa position sur la directive sur les énergies renouvelables. Les députés européens décideront des quantités de d’agrocarburants qui seront autorisées dans le cadre des nouvelles règles énergétiques de l’UE.