• Les bornes de recharge publiques ne sont pas un frein à la mise en place de cibles européennes ambitieuses en matière de voitures électriques – étude

    Si les normes en matière d’émissions de CO2 des voitures sont renforcées par la loi en conformité avec le Pacte vert européen, jusqu’à 1,8 million de bornes de recharge pourraient être installées en France d’ici 2035.

    D’après une analyse récente, les infrastructures de recharge suivront le rythme de la croissance des véhicules électriques qui résultera du renforcement par l’UE de ses lois en matière de véhicules propres.

    Une modélisation de Transport et environnement (T&E) montre que près d’1,8 million de bornes de recharge publiques pourraient être installées en France d’ici 2035, si les objectifs en matière d’émissions de CO2 des voitures sont renforcés conformément aux engagements du Pacte vert européen. Cette étude démontre que le gouvernement français et les parlementaires européens peuvent, en toute confiance, soutenir des normes d’émissions de CO2 des voitures plus ambitieuses que les propositions de la Commission européenne. Les bornes de recharge publiques ne seront pas un frein.

    Actuellement, la France compte environ 55 000 points de recharge publics. La Commission européenne et le gouvernement français reconnaissent qu’il faudra en installer bien davantage. En effet, le projet de loi européen sur les infrastructures exige des États membres de déployer le réseau de bornes de recharge de manière coordonnée avec l’expansion du parc automobile électrique. T&E a modélisé l’expansion du réseau de recharge public dans le cas où l’UE renforce ses objectifs en matière d’émissions de CO2 des voitures en 2025 et en 2030, et fixe un nouvel objectif intermédiaire pour 2027 [1]. L’analyse montre que la France pourrait détenir jusqu’à 840 000 bornes de recharge publique d’ici 2030.

    Diane Strauss, directrice France de T&E, a déclaré : « Les bornes publiques constituent une problématique essentielle pour les conducteurs. La réglementation européenne permettra d’assurer qu’il existe un nombre de bornes de recharge en adéquation avec le parc de véhicule électrique. Le gouvernement français peut donc soutenir des objectifs plus ambitieux concernant le CO2 lié aux voitures, sans craindre d’un manque de points de recharge. »

    A l’inverse, s’il peut sembler désirable d’obtenir un très grand nombre de bornes publiques, la grande majorité des recharges continuera de s’effectuer sur des bornes privées à domicile et sur les lieux de travail. Le lobby européen de l’industrie automobile demande 5,5 millions de bornes publiques en France d’ici 2035, d’après l’analyse que T&E a faite de ses positions publiques. Ce chiffre, très élevé, mènerait à une utilisation des bornes d’une durée inférieure à une heure par jour – bien en-deça des 3,6 heures nécessaires à la rentabilisation des bornes tel qu’estimé par le rapport du groupe industriel [2].

    Les objectifs du secteur se basent sur des hypothèses irréalistes selon lesquelles 60 % des bornes seraient publiques, et le véhicule électrique moyen en 2030 serait moins performant que les modèles actuels [3]. T&E démontre que les objectifs du lobby automobile sont inutilement élevés, et nécessitent la mise en place d’importantes subventions publiques permanentes pour le réseau de charge.

    Diane Strauss a déclaré : « En ce qui concerne le secteur de la recharge, le mieux est l’ennemi du bien : la surconstruction massive du réseau de bornes publiques, demandée par certains membres du secteur automobile, est non seulement inutile mais coûteuses pour les collectivités. Rappelons que la majorité des bornes de recharge seront privées, dans les habitations ou le foncier commercial. »

    Les parlementaires européens et les gouvernements travaillent actuellement sur une proposition de la Commission européenne. Il s’agit d’encadrer la réduction des émissions de CO2 liées aux voitures dans les années 2020 à 2035 et de faire en sorte que toutes les nouvelles voitures vendues en 2035 soient totalement neutres en émissions.

     

    Notes aux rédacteurs :

    [1] T&E a modélisé la quantité de bornes publiques qui seront disponibles si les législateurs européens fixent de nouveaux objectifs d’émissions de CO2 des voitures pour 2025, 2027, 2030 et 2035 dans une optique compatible avec le Pacte vert européen.

    [2] « Une utilisation moyenne du réseau de 15 % est nécessaire pour atteindre la viabilité économique au moyen et au long terme. » ACEA, 2022. European EV Charging Infrastructure Masterplan. Extrait de : https://www.acea.auto/files/Research-Whitepaper-A-European-EV-Charging-Infrastructure-Masterplan.pdf

    [3] Le lobby du secteur automobile ACEA estime que 60 % des bornes de recharge seront publiques en 2030, tandis que la Commission européenne estime ce taux entre 15 et 40 %. Le secteur estime par ailleurs que le véhicule à batterie électrique moyen consommera 20 kWh/100 km en 2030, alors que les modèles populaires actuels, tels que la Tesla Model 3 et la VW ID.3 ne consomment qu’environ 16 kWh/100 km. https://www.acea.auto/files/ACEA_Position_Paper-Alternative_Fuels_Infrastructure_Regulation.pdf

    https://ev-database.org/cheatsheet/energy-consumption-electric-car

    Pour en savoir plus :

    Rapport : ‘Charging’ for phase-out: Why public chargers won’t be a block on EU’s combustion car phase-out