7 Le nombre de modèles électriques à moins de 25.000 euros prévus dans les prochains mois.
La part de marché de l’électrique devrait fortement accélérer en 2025, pour représenter entre 20 et 24 % des voitures neuves vendues en Europe. La raison : le renforcement prévu des normes sur les émissions de CO2 et l’arrivée de nouveaux modèles plus abordables.
7 Le nombre de modèles électriques à moins de 25.000 euros prévus dans les prochains mois.
Les constructeurs sont en bonne voie pour atteindre leurs objectifs européens de réduction des émissions de CO2. Selon une nouvelle analyse de T&E basée sur l’analyse du marché actuel et les prévisions de vente, l’électrique, actuellement confrontée à une stagnation du marché, devrait d’ailleurs représenter entre 20 et 24 % des ventes en Europe dès l’an prochain [1].
En effet, à partir du 1er janvier 2025, les normes sur les émissions de CO2 des voitures seront renforcées et les constructeurs vont devoir réduire le niveau moyen d’émission de leurs véhicules neufs. Comment ? Principalement en augmentant la part des véhicules 100 % électriques (VE) et, dans une moindre mesure, la part des hybrides rechargeables, et si nécessaire en s’alliant avec d’autres constructeurs [2].
Les constructeurs temporisent sur l’électrique avant d’accélérer
Craignant que la stagnation des ventes de véhicules électriques observée depuis début 2024 se poursuive, certains constructeurs tentent de changer les règles au dernier moment, en demandant l’activation d’une clause spéciale de crise [3] afin de reporter les nouvelles normes à 2027. Pour T&E, une telle demande est absurde. Le marché atone actuel est purement transitoire. Les constructeurs profitent de ces quelques mois de répit pour maximiser les ventes - et les profits - des véhicules thermiques, avant l’arrivée de la nouvelle législation. Ils prioriseront ensuite des modèles électriques plus abordables, à même de renouveler la gamme et d’étendre le marché du véhicule électrique, jusqu’ici contraint par des prix trop élevés.
Pas moins de 7 nouveaux modèles sont annoncés à moins de 25 000 euros à partir de fin 2024. L’augmentation attendue des ventes de VE sera pour les constructeurs automobiles le premier levier de mise en conformité avec la réglementation CO2. Il contribuera selon les estimations de T&E à hauteur de 60 % à l’atteinte des objectifs. Grâce à des ventes élevées de voitures 100 % électriques, Volvo Cars est à ce titre d’ailleurs déjà en conformité avec les futurs objectifs.
« 2025 sera une année importante pour les constructeurs européens sur le marché des voitures électriques, explique Marie Chéron, responsable des politiques véhicules à T&E France. Grâce à la multiplication des nouveaux modèles plus abordables, les VE devraient représenter près d'un quart des nouvelles voitures vendues ».
La limite du potentiel des hybrides rechargeables est atteinte
Les constructeurs devraient également miser sur les hybrides rechargeables, en y dédiant une part variable selon les groupes et les marques. Selon les estimations de T&E, Stellantis et Volkswagen Group miseront largement sur cette solution, à hauteur de 33 % et 30 % des réductions d’émissions attendues. De même, les PHEV pourraient peser 18 % des réductions pour BMW, 17% pour Mercedes-Benz et 15 % pour Renault.
Pour autant, le potentiel de réduction des émissions permis par les hybrides est limité. Si elle est valable à très court terme, cette stratégie pourrait être pénalisante pour les constructeurs d’ici la fin de la décennie. D’une part, les émissions évitées réelles sont moindres avec les hybrides. D’autre part, trop miser sur les hybrides pourrait d’ici quelques années se traduire par une perte de compétitivité des véhicules électriques européens face aux concurrents internationaux, chinois en particulier.
Le pooling, ou comment emprunter la voie de sécurité
Si malgré cela, les constructeurs automobiles n'arrivent pas à atteindre leurs objectifs de réduction, ils peuvent aussi s'associer ("pool") avec d'autres fabricants pour baisser leurs émissions moyennes. Selon T&E, si VW s'associe à Tesla, seules 17 % de ses ventes devront être des VE en 2025 (au lieu de 22 %). Si Ford s'associe à Volvo, comme il l'a fait en 2021, les VE ne devront représenter que 9 % de ses ventes au lieu de 21 %.
Maintenir le cap 2035
En juillet, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a confirmé que la fin de vente des voitures thermiques neuves serait maintenue pour 2035. L’objectif 2035, tout comme les étapes 2025 et 2030 qui y mènent, sont un moteur essentiel de la politique industrielle européenne et une composante clé de la compétitivité face aux chinois.
T&E appelle également les Etats à accompagner les automobilistes dans la conversion à l’électrique. En France, deux mesures clés sont attendues dans les mois à venir : la reconduite du leasing social, et le renforcement des objectifs de verdissement des flottes d’entreprises.
Selon Marie Chéron, « le débat sur les normes est dépassé. Les constructeurs ont les moyens de se conformer à une norme plus stricte, ils ont pour cela plusieurs options. L’industrie doit aujourd'hui se concentrer sur la production de véhicules plus abordables et moins consommateurs de ressources. La priorité des gouvernements doit être d’accompagner les ménages les plus dépendants de la voiture pour passer à l’électrique, et de garantir que les principaux acheteurs de voitures en Europe, à savoir les entreprises, jouent le jeu. »
Notes aux éditeurs
[1] T&E a modélisé les ventes futures à partir des ventes du premier semestre 2024 et des prévisions de ventes futures. La part de marché correspond aux ventes dans l'UE, en Norvège et en Islande, ce qui correspond au champ d'application du règlement de l'UE sur les émissions de CO2 des voitures.
[2] Les différents scénarios proposés par T&E illustrent différentes stratégies possibles, combinant à chaque fois le recours aux véhicules hybrides et aux flexibilités réglementaires pour se conformer aux objectifs de l'UE en matière de CO2 pour 2025.
Dans le scénario "Hybride élevé" de T&E, tous les constructeurs automobiles sont censés augmenter leurs ventes de véhicules hybrides par rapport à une base de référence fondée sur les prévisions de ventes de GlobalData.
Dans le scénario "VE élevé" de T&E, tous les constructeurs automobiles se concentreraient sur les véhicules 100 % électriques.
Entre les deux, le scénario central de T&E est basé sur une modélisation personnalisée pour chaque constructeur automobile. Ce scénario s'appuie sur les prévisions de GlobalData et les plans publiés par les constructeurs automobiles, et se fonde sur la modélisation de la part de VE et d'hybrides nécessaire pour atteindre les objectifs, en supposant que tous les constructeurs automobiles se conforment à la réglementation sans mise en commun ("pooling"). Enfin, un quatrième scénario suppose que les deux constructeurs retardataires s'associent à deux leaders.
[3] La semaine dernière, plusieurs médias ont révélé une note provenant de l’industrie automobile et prévoyant de demander l’activation de l’article 122 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE). Cet article a notamment été utilisé au moment de la pandémie de Covid et de l’invasion russe en Ukraine.
La nouvelle Commission européenne et les eurodéputés doivent « maintenir l'objectif de 100 % de voitures zéro émission en 2035 » expliquent les signat...
Malgré une situation financière confortable et un délai de préparation de six ans, les constructeurs automobiles tentent d’échapper au renforcement de...
En France, la tendance est inverse puisque la part de marché de l’électrique continue de progresser - avec une augmentation de 15% - grâce à un enviro...