• Agro-carburants: a manipuler avec précaution

    Une analyse de la politique de l'Union Européene en matiere d'agro-carburants ainsi que des recommandations pour agir.

    De nombreux décideurs politiques ont dû voir dans les agrocarburants comme un rêve devenir réalité. Les arguments avancés par leurs défendeurs étaient nombreux et convaincants. On allait pouvoir réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO2) qui serait absorbé par les cultures dédiées aux agrocarburants et garantir la sécurité des approvisionnements énergétiques car les agrocarburants pourraient être produits localement ou importés depuis des pays stables et non des pays pétroliers. Les constructeurs automobiles les appréciaient tout autant car les politiques n’allaient plus les harceler pour qu’ils rendent leurs véhicules plus propres et économes en carburants. Quelques changements mineurs suffisent pour adapter un véhicule à de nouveaux carburants et lui donner un look plus vert.

    Les preuves, pour la plupart apportées par les publications de ces trois dernières années, suggèrent que dans la majorité des cas actuels, il n’en est rien. Il faut changer la politique actuelle. Ce rapport fait suite à l’adoption à la fin de l’année 2008 par l’Union Européenne d’un texte obligeant les pays Membres à respecter un quota de 10 % d’énergie renouvelable dans les transports et d’atteindre cet objectif d’ici 2020. Le rapport tente d’évaluer les implications de cette politique sur l’environnement.

    Il révèle notamment que si cet objectif doit, comme cela est généralement admis, être atteint presque en totalité grâce aux agrocarburants, il est fort probable que cela ne se fera dans une optique durable.

    En bref, cette politique risque fortement de causer plus de tort que de bien. Cela s’explique d’abord par la non-prise en compte de l’impact environnemental du changement indirect d’affectation des sols. Lorsque des terres agricoles sont converties pour la production de agrocarburants, d’autres terres seront converties ailleurs pour l’agriculture, entraînant d’importantes émissions de CO2, d’où le terme de changement « indirect » d’affectation des sols. Il est absolument primordial d’évaluer l’impact de ce type de changement et d’en tenir compte dans la politique en matière de agrocarburants, pour s’assurer qu’ils réduisent effectivement les émissions de carbone et qu’ils ne les augmentent pas de façon indirecte. Il n’est pas trop tard pour ajuster cette politique. Il conviendrait de redéfinir les critères de durabilité dans la loi européenne pour tenir compte de toutes les répercussions sur l’environnement et la société, et ainsi de promouvoir uniquement les agrocarburants qui apportent de véritables avantages globaux.