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Normes CO2 des voitures : Renault et Stellantis dans les temps, Mercedes en retard

8 septembre 2025

Le décalage des objectifs de baisse des émissions de CO2 de 2025 à 2027 va conduire les constructeurs à vendre deux millions de voitures électriques en moins sur la période.

Selon une nouvelle analyse de T&E [1], les constructeurs automobiles européens, hormis Mercedes, sont sur la bonne route pour respecter leurs objectifs de baisse des émissions de CO2 entre 2025 et 2027. Sur les sept premiers mois de l’année, les ventes de voitures électriques des groupes européens ont en effet progressé de 38% [2]. 

Cependant, l’assouplissement récemment accordé aux constructeurs, avec le décalage de l’objectif (de 2025 à 2027), va les conduire à vendre deux millions de voitures électriques de moins d’ici 2027, par rapport à un scénario où l’objectif de baisse aurait été maintenu à fin 2025 [3]. T&E demande à la Commission européenne de ne pas reculer sur les objectifs 2030 et 2035 lors du prochain dialogue stratégique sur l’automobile prévu le 12 septembre.

D’après l’analyse de T&E, Renault et Stellantis respecteront sans problème leurs objectifs 2025-2027, avec des marges respectives de 2 et 9gCO2/km par rapport à la moyenne d’émissions à atteindre. BMW devrait également y arriver facilement, avec une moyenne d’émissions qui serait inférieure de 13 gCO2/km à la cible demandée, tandis que Volkswagen serait tout juste dans la norme. En théorie, tous ces constructeurs n’auraient donc pas besoin du « pooling » (association avec d’autres constructeurs) pour respecter les objectifs de l’UE.

En revanche, les choses s’annoncent plus compliquées pour Mercedes, qui serait le seul constructeur européen obligé de recourir au « pooling » afin d’atteindre le seuil demandé. Le groupe allemand devrait acheter des crédits d’émissions aux autres membres de son pool, à savoir Volvo Cars et Polestar. Fait notable, le PDG de Mercedes est également l’actuel président de l’ACEA, le lobby européen des constructeurs, qui milite fortement contre les objectifs de baisse d’émissions de l’UE prévus pour 2030 et 2035.

Cette pression a déjà conduit l’UE à revoir l’objectif 2025, en accordant deux ans de délais supplémentaires. Les constructeurs ont réagi en augmentant l’écart de prix entre les modèles électriques et thermiques : alors que les voitures électriques étaient vendues 30% plus cher au début de l’année, cet écart est passé à 40% en juin [4].

Le marché de l’électrique est dans une dynamique positive

L’écosystème de la mobilité électrique reste malgré tout dans une bonne dynamique. Selon les prévisions de T&E [5], le coût des batteries devrait baisser de 27 % entre 2022 et la fin de cette année, puis de 28 % supplémentaires d'ici 2027, par rapport aux niveaux de 2025. Les infrastructures de recharge couvrent désormais 77 % du réseau routier principal de l'UE et tous les États membres ont déjà atteint ou dépassé le nombre de points de recharge publics requis par l'UE pour 2025 [6].

Diane Strauss, directrice de T&E France, explique : « Les constructeurs brossent un tableau catastrophique de la situation parce qu'ils veulent que leurs objectifs soient revus à la baisse. Mais le fait est que les ventes de voitures électriques sont en plein essor et que les règles en matière d'émissions jouent un rôle clé pour le marché. En restant ferme sur ses objectifs, l'Europe peut donner à son industrie automobile la chance de rivaliser dans la course mondiale aux véhicules électriques. Tout affaiblissement des objectifs nous ferait prendre du retard dans cette compétition planétaire et récompenserait les retardataires comme Mercedes.»

Pendant que les constructeurs européens tentent de freiner sur l’électrique, les marchés mondiaux accélèrent. Dans de nombreux pays, la part de marché de l'électrique progresse, comme en Inde (5%), au Mexique (5%), en Indonésie (13%) et en Thaïlande (24%) [7]. En Chine, plus grand marché automobile au monde, la part des ventes des véhicules 100% électriques dépassera les 30 % d'ici la fin 2025. Ces marchés connaîtront une expansion rapide au cours de la prochaine décennie et, à moins que les constructeurs automobiles européens ne rattrapent rapidement leur retard, les constructeurs chinois domineront le marché.

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