Une analyse inédite de Reclaim Finance et T&E révèle l’absence d’engagements climatiques sérieux des géants du leasing, malgré leur rôle clé dans la décarbonation du secteur automobile. Alors qu’une loi européenne pour accélérer le verdissement des flottes professionnelles est attendue en 2025, les deux organisations appellent la Commission européenne à réagir, en fixant des obligations de transparence et de transition pour les principales entreprises du secteur.
En France comme en Europe, le leasing s’est imposé comme le principal mode d’accès à la voiture neuve. Le secteur représente déjà plus de 50 % des immatriculations, et cette part de marché devrait monter jusqu’à 70 % en 2030.
Cette nouvelle réalité donne aux sociétés de leasing - filiales de constructeur automobile (comme Mobilize pour Renault) ou de groupes bancaires (Ayvens pour Société Générale, Arval pour BNP Paribas, etc.) - une influence majeure sur la transition électrique du marché automobile. Ce sont ces entreprises qui fixent les loyers mensuels, prix d’affichage des nouveaux modèles, rendant l’électrique plus ou moins attractif. Ce sont elles qui orientent les clients, en conseillant, en accompagnant – ou non – la transition. Ce sont elles, enfin, qui organisent la revente de leurs véhicules en fin de location, conditionnant les choix sur le marché de l’occasion, là où se fournissent huit Européens sur dix.
« Contrairement aux constructeurs, les sociétés de leasing ne sont soumises à aucune réglementation climatique spécifique. Il n’existe aujourd’hui ni obligation de transparence sur les émissions de leur flotte, ni objectif chiffré de réduction, ni calendrier de sortie des motorisations thermiques. Il ne faut donc pas s’étonner que tous les voyants soient au rouge en matière de décarbonation — et qu’aucune ne se soit engagée à sortir du thermique. », constate Lucie Pinson, Directrice de Reclaim Finance.
Face à ce vide réglementaire, Reclaim Finance et T&E ont analysé les publications climatiques [1] de vingt grandes entreprises du secteur [2].
L’analyse montre que le secteur ne prend pas, de lui-même, la mesure de sa responsabilité :
12 sociétés de leasing sur 20 ne publient aucune information spécifique sur leurs activités de leasing. Parmi elles, des géants du secteur comme Stellantis Financial Services, Mercedes-Benz Financial Services ou Toyota Financial Services.
Même dans le cas des 8 sociétés qui communiquent sur leurs activités, aucune ne donne une vision transparente de sa flotte, ventilée par type de véhicule, par pays et par année, ce qui empêche toute évaluation rigoureuse de leur trajectoire de décarbonation.
Seules 9 entreprises affichent des objectifs climatiques, mais ces derniers sont partiels, fragmentés, souvent limités au court terme et peu détaillés méthodologiquement. Certains ont été récemment suspendus ou revus à la baisse, comme dans le cas d’Arval (BNP Paribas), d’Ayvens (Société Générale) et de Mobilize (Renault).
Enfin, aucune société de leasing n’a annoncé son intention de cesser de financer les voitures thermiques neuves, y compris après 2035 en Europe.
La conclusion est claire : les décideurs politiques doivent mettre en place des politiques pour inverser cette tendance et s'assurer que les sociétés de leasing assument leur part de responsabilité dans la transition climatique.
Reclaim Finance et T&E appellent la Commission européenne, les parlementaires européens et les États membres à inscrire des mesures contraignantes dans la future loi européenne sur le verdissement des flottes professionnelles, attendue d’ici à la fin de l’année 2025 et à :
Rendre obligatoire la transparence sur les données climatiques des sociétés de leasing : composition des flottes, motorisations, émissions de CO2, pays par pays, année par année ;
Fixer des objectifs réglementaires de transition des flottes des principales entreprises du secteur, prévoyant une sortie du financement de véhicules thermiques neufs d’ici 2030.
« Ce rapport est un signal d’alarme pour les décideurs politiques. Tant qu’aucune régulation ne les contraint, les sociétés de leasing continueront d’échapper à leurs responsabilités dans la transition climatique, alors même qu’elles en détiennent une partie des clés. », conclut Léo Larivière, Responsable Transition Automobile chez T&E.
Notes aux éditeurs
[1] Étant donné le nombre limité de rapports climatiques exhaustifs publiés par les sociétés de leasing, toutes les communications publiques relatives au climat ont été examinées (rapports sur le développement durable, pages web, communiqués de presse, etc.).
[2] Les 20 sociétés analysées sont : Alphabet (BMW), BMW Financial Services, Arval (BNP Paribas), Cofica Bail (BNP Paribas), Crédit Agricole Personal Finance and Mobility (Crédit Agricole), Crédit Agricole Leasing and Factoring (Crédit Agricole), Crédit Mutuel Leasing (Crédit Mutuel), FCE Bank (Ford), BPCE Lease (Groupe BPCE), Hyundai Capital, Athlon (Mercedes-Benz), Mercedes-Benz Financial Services (Mercedes-Benz), Mobilize Financial Services (Renault), Ayvens (Société Générale), CGI Finance (Société Générale), Stellantis Financial Services (Stellantis), KINTO (Toyota), Toyota Financial Services (Toyota), Volkswagen Financial Services (Volkswagen).
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