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L’Espagne et le Danemark en pointe pour produire les carburants maritimes du futur, la France dans le top 5

18 décembre 2025

Le manque de stabilité réglementaire empêche la plupart des projets d’aller au-delà de la simple étude de faisabilité.

Selon une nouvelle analyse de T&E, l’Espagne, le Danemark, la Norvège et la France sont les pays qui pourraient dominer la production de carburants de synthèse dédiés au maritime dans les prochaines années. Néanmoins, pour donner plus de visibilité aux producteurs et s’assurer que les projets sortent de terre, l’UE devrait renforcer les règles d’incorporation des carburants de synthèse dans le maritime. Cela permettrait en outre de créer des emplois et de renforcer la sécurité énergétique de l’Europe.

En 2025, l’observatoire de T&E sur les carburants de synthèse maritimes a répertorié 80 projets de production d’hydrogène vert ou de e-fuels pouvant être utilisés pour alimenter les navires. La production potentielle représenterait l’équivalent de 4 millions de tonnes d’équivalent pétrole (Mtoe) en 2032. Néanmoins, l’analyse de T&E montre que seules 240 000 tonnes (moins de 5%) seraient exclusivement dédiées au secteur maritime. Par ailleurs, seulement une petite partie des projets ont atteint l’étape de la décision finale d’investissement ou sont devenus opérationnels, ce qui montre que l’absence de stabilité réglementaire empêche les projets d’avancer.

Plusieurs pays se positionnent comme des leaders potentiels de la fourniture de carburants de synthèse pour le maritime. Parmi eux figure la Norvège, qui affiche la plus grande part potentielle de e-fuels dédiés à ce secteur, suivie de l’Espagne, de la Finlande et du Danemark. Le projet Kassø de European Energy qui fournit du e-methanol à Maersk est opérationnel depuis cette année. Il s’agit du premier de ce genre à voir le jour en Europe. La France quant à elle se place parmi les premiers producteurs de e-methanol en Europe. Cette semaine, Elyse Energy a signé un accord avec l’opérateur de ferries Corsica Linea pour la fourniture de e-methanol à partir de 2030.

Le secteur maritime est sans aucun doute le principal acheteur potentiel pour le e-methanol et l’ammoniac de synthèse (e-ammonia). Pour ce dernier, on considère que le maritime pourrait acheter des volumes deux fois supérieurs à ceux du secteur des engrais ou de l’industrie chimique.

Constance Dijkstra, responsable des politiques maritimes chez T&E : « Le plus grand projet de production de carburants de synthèse maritimes a été lancé cette année. Cela montre ce qui est possible, mais la concrétisation de projets reste un défi. Les objectifs réglementaires actuels en matière de transport maritime ne sont tout simplement pas assez ambitieux pour inciter les investisseurs à mettre de l'argent sur la table. Outre les incitations à la demande, les producteurs de carburants ont besoin de liquidités. Développer une grande filière industrielle des carburants de synthèse peut renforcer le leadership industriel de l'Europe et réduire la dépendance du continent à l'égard des carburants fossiles importés. »

Les producteurs de technologies propres ont appelé ce jeudi à ce que l’UE renforce son soutien aux carburants maritimes verts en Europe. Ils demandent notamment à ce que les recettes de l’ETS soient réinvesties dans le transport maritime décarboné.

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