Les cultures destinées aux biocarburants continuent de s’étendre dans le monde, alors que leur production mondiale émet 16 % de CO2 en plus par rapport aux carburants fossiles qu’ils sont censés remplacer. En 2030, les biocarburants représenteront la sixième puissance agricole en nombre d'hectares.
D’ici 2030, les cultures agricoles consacrées aux biocarburants occuperont une surface équivalente à la France.
En moyenne, 3000 litres d’eau sont nécessaires pour conduire 100 km avec une voiture alimentée aux biocarburants.
Souvent présentés comme une bonne solution environnementale pour les voitures, les poids-lourds et les bateaux, ils profitent d’avantages fiscaux et réglementaires alors qu’ils n’entraînent aucun bénéfice au niveau mondial.
La production mondiale de biocarburants, tels que le bioéthanol ou le biodiesel, émet 16 % de CO2 de plus que les combustibles fossiles qu'elle remplace, selon un nouveau rapport de Cerulogy réalisé pour T&E.
Les biocarburants continuent pourtant d’être présentés comme une solution de décarbonation des transports et bénéficient de fortes incitations réglementaires et environnementales. Ils apparaissent alors comme une solution de facilité pour remplir fictivement les objectifs climatiques.
C’est par exemple le cas des navires, bientôt contraints à se fournir en carburants alternatifs par l’Organisation maritime internationale, qui signera courant octobre le tout premier accord international en la matière. De quoi créer un appel d’air sans précédent pour les biocarburants à base de matières agricoles. Ils sont aussi utilisés par la filière des poids-lourds en France, et présentés comme une “solution” alternative à l'électrification des voitures par certains acteurs de la filière.
Bastien Gebel, responsable décarbonation de l’industrie automobile à T&E France, explique : «Les biocarburants sont parfois présentés comme des solutions idéales pour la décarbonation, notamment par ceux qui plaident la « neutralité technologique » pour les voitures neuves vendues après 2035. Mais en réalité, ces cultures sont très problématiques sur le plan environnemental. De plus, elles ne remplissent pas leur objectif de souveraineté car les deux-tiers de la demande en bioéthanol et biodiesel français sont importés. Il est urgent de revenir sur les centaines de millions d’euros d’avantages fiscaux dont bénéficie cette filière.»
L'analyse montre enfin que 90 % de la production mondiale de biocarburants repose toujours sur des cultures alimentaires. Cela remet sérieusement en question le discours sur la transition vers des biocarburants “avancés” dans le futur, sachant que ces carburants ne sont pas exempts de risques de fraude.
Un besoin croissant de terres pour les biocarburants
La demande de biocarburants devant augmenter d'au moins 40 % d'ici 2030, T&E appelle les dirigeants mondiaux prochainement réunis au Brésil pour la COP 30 à s’entendre pour limiter le développement de cette « solution » trompeuse pour le climat.
Aujourd'hui, la culture de plantes destinées à être brûlées comme carburant occupe 32 millions d'hectares de terres, soit environ la superficie de l'Italie, pour répondre à seulement 4 % de la demande mondiale en énergie pour les transports. D'ici 2030, cette superficie devrait augmenter de 60 % pour atteindre 52 millions d'hectares, soit la superficie de la France.
A l’échelle mondiale, les biocarburants émettent aujourd’hui 16 % d'émissions de CO₂ supplémentaires par rapport aux combustibles fossiles qu'ils remplacent, en raison des impacts indirects de l'agriculture et de la déforestation. D'ici 2030, les biocarburants devraient émettre 70 MtCO₂e de plus que les combustibles fossiles qu'ils remplacent, soit l'équivalent des émissions annuelles de près de 30 millions de voitures diesel.
Il s'agit là d'un énorme gaspillage de terres, selon T&E. L'utilisation de seulement 3 % de ces terres pour l'énergie solaire permettrait de produire la même quantité d'énergie. Les véhicules électriques étant beaucoup plus efficaces que les voitures à carburant fossile, cela suffirait pour alimenter près d'un tiers du parc automobile mondial actuel.
Bastien Gebel, responsable de la décarbonation de l’industrie automobile pour T&E France, explique : « Les biocarburants sont une fausse solution climatique. Ils gaspillent des terres, de la nourriture et des millions d’euros de subventions. En privilégiant le recours aux énergies renouvelables, et notamment au solaire, cela laisserait beaucoup plus d’espace pour l'alimentation et la restauration de la nature. »
Une forte pression sur l’eau
L'analyse de T&E montre que les cultures destinées à la production de biocarburants nécessitent également d'importantes quantités d'eau douce. Pour parcourir 100 km avec une voiture fonctionnant avec des biocarburants de première génération, il faudrait en moyenne près de 3 000 litres d'eau, alors que seuls 20 litres seraient nécessaires pour faire rouler une voiture électrique alimentée à l'énergie solaire. Alors que le changement climatique exerce une pression croissante sur les ressources en eau, continuer à miser sur les biocarburants pourrait être catastrophique, prévient T&E.
Pays hôte de la future COP 30, le Brésil est l'un des producteurs de biocarburants qui connaît la croissance la plus rapide et rattrape les États-Unis, le plus grand producteur mondial de biocarburants. Il a récemment décidé de suspendre son moratoire sur le soja, qui protégeait la forêt amazonienne de la déforestation. Le Canada et l'Inde font également partie des pays qui devraient augmenter massivement leur production. L'analyse de T&E se base sur les politiques et stratégies gouvernementales existantes, mais la demande en biocarburants pourrait également connaître une forte hausse dans les secteurs du transport maritime et de l'aviation, qui s'efforcent de trouver des alternatives aux combustibles fossiles.
« La décision du Brésil de lever son moratoire sur le soja est très préoccupante au vu de l'expansion des biocarburants. En tant qu'hôte de la COP de cette année, on peut s'attendre à ce que le Brésil fasse pression en faveur de davantage de carburants renouvelables, mais les biocarburants ne devraient pas être considérés comme tels. Sinon, nous risquons de faire plus de mal que de bien », conclut Bastien Gebel.
T&E appelle les gouvernements du monde entier à considérer que les biocarburants ne sont pas une vraie solution climatique, et que certains contribuent à la déforestation. Les politiques climatiques devraient plutôt donner la priorité à une électrification intelligente, à l'efficacité énergétique et à des alternatives véritablement durables.
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