Au-delà du leasing social. L’État doit retrouver un rôle structurant pour remettre le marché automobile en phase avec les objectifs de transition écologique et garantir un véritable droit à la mobilité durable.
Le leasing social fait son retour, et c’est d’abord une bonne nouvelle pour la transition vers l’électrique. Ce sont 50 000 véhicules électriques supplémentaires qui rejoignent les routes, souvent pour remplacer des véhicules essence ou diesel âgés et polluants. Avec une aide publique pouvant atteindre 7 000 € par véhicule, le dispositif supprime le premier versement généralement appliqué dans les leasing classiques et plafonne les loyers, levant ainsi deux obstacles financiers majeurs pour de nombreux ménages. Cette année, les prix des voitures proposées – une trentaine de modèles – sont plus resserrés et cohérents, dont trois à moins de 100 € par mois. L’intérêt du dispositif a d’ailleurs fait des petits, une dizaine de pays en Europe ayant d’ores et déjà fait part de leur intention de lancer un tel dispositif.
Pour cette deuxième session, le leasing social revient dans le cadre d’un programme de certificats d’économie d’énergie (CEE), doté d’une enveloppe de près de 370 millions d’euros. 5 000 véhicules seront réservés pour les habitants des “communes où la qualité de l’air doit être particulièrement améliorée”. La volonté de limiter l’effet d’aubaine et d’éviter les débordements a conduit à un resserrement des critères, et c’est bienvenu.
Pourtant, plusieurs points critiques demeurent. Dommage, d’abord, que le leasing social ne conditionne pas son soutien à des critères environnementaux ambitieux – poids, sobriété énergétique, contenu en matériaux recyclés – alors que ce levier pourrait pousser l’industrie à accélérer sur l’écoconception.
Ensuite, le bilan de la première édition n’a pas été publié : qui en a réellement bénéficié ? Quels modèles ont été choisis ? Ces données sont essentielles pour évaluer une politique qui aura coûté près de 600 millions d’euros. Espérons que cette nouvelle session apporte davantage de transparence.
Autre interrogation : l’impact réel sur le marché automobile. Avec seulement 50 000 véhicules concernés, peut-on parler d’un véritable changement durable, ou s’agit-il d’un coup de pouce ponctuel ? Pour déclencher un effet d’entraînement sur la production, il faudrait sans doute deux à trois fois plus de véhicules chaque année.
Enfin, ce dispositif contribue-t-il réellement à une transition juste ? Le ciblage sur les trois premiers déciles de revenus permet d’aider les ménages les plus vulnérables, souvent contraints de rouler avec des véhicules anciens et polluants. Mais sans un effort des constructeurs pour baisser drastiquement les prix, la politique publique risque de n’être qu’un coup d’épée dans l’eau sur un marché automobile devenu inabordable pour la majorité.
Entre le leasing social réservé aux ménages modestes et le bonus écologique qui profite surtout aux plus aisés, la classe moyenne pourrait rester sur le bord de la route. Cette situation ne sera pas tenable longtemps : si la transition reste inaccessible à la majorité, elle risque d’alimenter un sentiment d’injustice et de creuser la fracture sociale.
C’est là tout l’enjeu : penser au-delà du leasing social. L’État doit retrouver un rôle structurant pour remettre le marché automobile en phase avec les objectifs de transition écologique et garantir un véritable droit à la mobilité durable. Cela suppose d’innover, d’imaginer de nouveaux modèles de financement, de repenser la fiscalité et d’encourager des véhicules réellement abordables et beaucoup moins polluants. Sans cela, nous ne ferons qu’accompagner à petits pas un système qui, pour l’instant, laisse trop de Français sur le bord du chemin.
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