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500 euros de plus par an : les hybrides rechargeables coûtent plus cher que prévu à leurs conducteurs

16 octobre 2025

Ces voitures sont souvent conduites avec la batterie électrique déchargée, ce qui aboutit à une surconsommation de carburant et à des émissions de CO2 en hausse.

5,9L/100km Consommation réelle moyenne d'un PHEV récent

Les hybrides rechargeables (ou PHEV) sont des véhicules qui coûtent cher aux portefeuilles des automobilistes, ainsi qu’au climat. Une nouvelle analyse de T&E montre en effet que la consommation réelle de carburant de ces véhicules conduit leurs conducteurs à payer en moyenne 500 euros de plus par an, par rapport à la consommation promise par le cycle WLTP.

Cet écart s’explique facilement. En analysant les données collectées par l’Agence européenne de l’environnement (AEE) via les capteurs embarqués (OBFCM) de 800 000 PHEV immatriculés entre 2021 et 2023, T&E constate que les consommations moyennes de ces véhicules sont de 5,9 L/100 km, loin des 1,5 L/100 km prévus par la norme WLTP. Cette surconsommation de carburant s’explique surtout par le fait que les conducteurs d’hybrides rechargeables roulent souvent avec la batterie déchargée, ce qui alourdit la facture à la pompe.

Les hybrides rechargeables ne doivent pas être considérés comme des véhicules “à faibles émissions” pour verdir les flottes

Pire encore, même conduits en mode “électrique”, les PHEV consomment une quantité non négligeable de carburant, environ 3L/100km en moyenne, et émettent 68gCO2/km, soit plus de huit fois les valeurs WLTP. Le moteur électrique de ces voitures est en effet trop peu puissant pour maintenir des vitesses élevées ou grimper une pente. Dans ces cas-là, le moteur thermique vient en appui. En moyenne, selon les données de l’AEE, il fournit de l'énergie pendant près d'un tiers de la distance parcourue en mode électrique. 

« Les hybrides rechargeables sont l’une des pires déceptions de l’histoire automobile, constate Bastien Gebel, responsable décarbonation de l’industrie automobile à T&E France. Ils consomment plus que prévu, coûtent chers à leurs propriétaires à l’achat comme à l’usage, et ne permettent pas de décarboner le secteur routier. Il est temps d’arrêter de les considérer comme des véhicules à faibles émissions, notamment pour les flottes d’entreprises ». T&E demande donc à ce que la prochaine loi de Finances pour 2026 ne permette plus aux grandes flottes de comptabiliser les hybrides rechargeables pour atteindre leur cible de verdissement. [1]

Mercedes-Benz affiche les plus gros écarts

Plus les hybrides sont récents, plus ils émettent de CO2. Les batteries électriques sont de plus en plus grandes mais faute d’une recharge fréquente, elles ne sont pas plus utilisées par les conducteurs. Les données montrent que les hybrides rechargeables dont l'autonomie électrique est supérieure à 75 km émettent en moyenne plus de CO2 que ceux dont l'autonomie est comprise entre 45 et 75 km.

Selon les données de 2023, Mercedes-Benz affiche l'écart le plus important entre les émissions officielles et réelles de ses véhicules hybrides rechargeables (+494% en moyenne). Les autres grands constructeurs automobiles européens ont émis environ 300% de plus que leurs émissions officielles de CO2.

Les demandes absurdes des constructeurs européens

L'industrie automobile européenne souhaite pourtant que les véhicules hybrides rechargeables soient considérés comme neutres en carbone, alors que les données recueillies auprès de centaines de milliers de véhicules montrent que les PHEV émettent, en moyenne, seulement 19 % de CO2 en moins par km que les voitures à essence et diesel.

Malgré les failles criantes des hybrides rechargeables, l'industrie automobile européenne veut ainsi continuer à pouvoir les vendre après 2035. Les constructeurs demandent également à l'UE de ne pas revoir les « facteurs d'utilisation » (utility factor) qu'elle a fixés pour corriger les émissions CO2 des hybrides rechargeables. Les facteurs d'utilisation fixés pour 2025 et 2027 doivent progressivement corriger l'écart entre les émissions officielles et les émissions réelles, ce qui signifie que les objectifs de l'UE en matière de CO2 pour les constructeurs automobiles deviennent plus stricts, poussant ces derniers à vendre davantage de voitures 100% électriques.

« Assouplir les règles pour les hybrides rechargeables revient à saborder la législation européenne sur les émissions de CO2 des voitures. Au lieu d'orienter le marché vers des voitures zéro émission abordables, les constructeurs automobiles vont l'inonder de PHEV coûteux et très émissifs. Cela risque de compromettre la sécurité des investissements dans les véhicules électriques dont le marché a besoin » conclut Bastien Gebel.

Note

[1] Depuis mars 2025, en France, les quotas de verdissement pour les flottes de plus de 100 véhicules ont été remplacés par la “taxe annuelle incitative relative à l'acquisition de véhicules légers à faibles émissions”. Elle prévoit des cibles croissantes d’intégration de véhicules dits “à faibles émissions” (moins de 50gCO2/km). Or les émissions réelles des PHEV sont très supérieures à ce seuil.

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