Communiqué de presse

Climat : L’objectif 2040 de l’UE sérieusement affaibli par le recours aux crédits carbone

2 juillet 2025

La décision de la Commission européenne d'autoriser les compensations carbone pour atteindre son objectif de réduction des émissions de 90 % d'ici 2040 va considérablement affaiblir les efforts climatiques de l'Europe.

La Commission européenne a annoncé ce mercredi qu'elle s'en tiendrait à son objectif de réduction des émissions de 90 % d'ici 2040. Pour T&E, cela donne des certitudes aux constructeurs automobiles, aux compagnies aériennes, aux compagnies maritimes, aux producteurs de carburant et à d'autres industries clés de l'Europe quant à la volonté de décarbonation de l'UE.

Cependant, la Commission laisse la porte ouverte pour que les États membres utilisent des crédits carbone afin d'atteindre l'objectif. Cela contredit les engagements précédents de la Commission et crée un précédent qui pourrait permettre à d'autres obligations climatiques d'être amoindries par ces compensations. Une enquête menée il y a deux ans a montré que plus de 90 % des compensations carbone de la forêt tropicale gérées par le plus grand organisme de certification au monde étaient des « crédits fantômes », sans aucune efficacité sur la réduction des émissions. Pour T&E, les compensations réduisent également l'incitation à investir dans des solutions décarbonées éprouvées et disponibles sur le plan technologique.

Pour atteindre l'objectif de -90 %, l'UE doit résister aux pressions visant à affaiblir son objectif de voitures zéro émission pour 2035

Un objectif ambitieux pour 2040 est une question de sécurité énergétique qui pourrait permettre à l'Europe d'économiser des dizaines de milliards d'euros sur les importations de combustibles fossiles. Dans son propre document de travail sur l'objectif 2040, la Commission estime que l'objectif pourrait permettre d'économiser entre 75 et 100 milliards de dollars par an en pétrole.

Un objectif ambitieux est également essentiel pour le secteur européen des transports, qui représentera à lui seul 45 % des émissions de l'UE en 2030. Pour atteindre l'objectif de -90 %, l'UE doit résister aux pressions visant à affaiblir son objectif de voitures zéro émission pour 2035 et sa taxe carbone sur les combustibles fossiles (ETS2). Elle devra également introduire des mesures pour électrifier les flottes d'entreprises, taxer le secteur de l'aviation, fixer des objectifs en matière de CO2 pour les camions et des objectifs en matière de carburants décarbonés pour les navires et les avions.

Diane Strauss, directrice de T&E France, explique : « L'objectif de 90 % offrira aux constructeurs automobiles, aux compagnies aériennes, aux sociétés de transport maritime et aux producteurs de carburant européens le cadre réglementaire dont ils ont besoin pour investir dans les technologies décarbonées. Mais les compensations vont affaiblir les objectifs climatiques, et risquent de faire du Green Deal européen un tigre de papier. Il n'existe aucune preuve que les compensations fonctionnent réellement. Cela reflète un affaiblissement inquiétant des réglementations européennes en matière de climat. Poursuivre dans cette voie nuirait également considérablement au leadership et à la crédibilité de l'UE à l'approche de la COP30 ».

Le dernier sondage Eurobaromètre sur le sujet montre que plus de 80 % des Européens soutiennent l'objectif de l'UE d'atteindre la neutralité climatique d'ici à 2050.


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