• Agrocarburants: manger ou conduire? il faut choisir

    En pleine crise alimentaire mondiale, les automobilistes français consomment chaque jour l’équivalent de 9,2 millions de baguettes et de 7,4 millions de bouteilles d’huile végétale

    Malgré le risque imminent de pénurie alimentaire qui pourrait précipiter encore plus de personnes dans l’insécurité alimentaire, la France continue de transformer chaque année 720 000 tonnes de blé en éthanol destiné à son parc automobile. Cela représente l’équivalent de 9,2 millions de baguettes par jour. De plus, la France laisse partir en fumée 7,4 millions de bouteilles d’huile de colza et de tournesol chaque jour, une quantité plus de trois fois supérieure à celle de l’ensemble des huiles utilisées dans l’alimentation. Ayant renoncé à l’huile de palme et de soja, le pays s’appuie désormais principalement sur l’huile de colza et de tournesol pour sa production de biodiesel. Bien qu’elle soit devenue rare dans les rayons des supermarchés européens, l’utilisation d’huile de tournesol pour les biocarburants en France au premier semestre 2022 avait déjà dépassé sa consommation totale en 2021.

    La superficie totale des terres consacrées aux différentes cultures destinées aux biocarburants consommés en France permettrait de produire une quantité de blé équivalente à 120 milliards de kcal par jour sous forme de miches de pain, soit l’apport calorique de 53 millions de personnes, ou de 4 résidents français sur 5.

    Non seulement les biocarburants sont mauvais pour l’environnement et contribuent à la hausse des prix des denrées alimentaires, mais ils sont également coûteux. Même si les automobilistes n’en ont pas conscience – les biocarburants leur semblent bon marché à la pompe –, l’ajout de biocarburants à l’essence fait grimper le prix de gros de cette dernière de 3,2 milliards d’euros. S’ajoute à cela le fait que le gouvernement français ne taxe pas l’éthanol au même niveau que l’essence, ce qui a entraîné un manque à gagner de 360 millions d’euros en 2019. Pour 2021, ce manque à gagner est estimé à 400 millions d’euros.

    Aujourd’hui plus que jamais, la France doit limiter l’utilisation de biocarburants issus de cultures alimentaires.