• Trains de nuit en Europe : une nouvelle étude propose deux mesures simples pour des billets jusqu’à 20 % moins chers

    Un taux de TVA de 0 % et la réduction des péages payés par les trains de nuit pourraient aider les Européens à voyager moins cher, tout en préservant le climat.

    Une nouvelle étude des ONG environnementalesTransport & Environnement (T&E) etBack-on-Track publiée aujourd’hui a étudié les pistes pour diminuer le prix des billets des trains de nuit européens. Elle montre qu’un taux de TVA de 0%, couplé à la baisse des péages ferroviaires – le coût d’accès au réseau ferré payé par les opérateurs pour faire circuler leurs trains – pourrait avoir un impact significatif sur le prix des billets. Par exemple, sur un train de nuit entre Amsterdam et Madrid, un voyageur solo pourrait économiser jusqu’à 65€ sur le prix d’un aller-retour grâce à ces deux mesures, soit une réduction de 20 %.

    Autre exemple étudié : un couple avec deux enfants qui voyagerait entre Bruxelles et Vienne, ou entre Berlin et Naples, pourrait économiser jusqu’à 139€ ou 167€ respectivement. Sur ces deux trajets aller-retour, le voyage de cette famille en train permettrait d’éviter l’émission de 1,8 et 3 tonnes de CO2 respectivement, par rapport au même trajet en avion. Au total, l’étude examine 7 exemples de trains de nuit européens existants ou potentiels et montre qu’un taux de TVA de 0% et des péages réduits pourraient réduire le prix des billets de 15 % en moyenne, qu’il s’agisse des voyageurs professionnels, loisirs ou des familles.

    L’UE a les cartes en main 

    Pour Victor Thévenet, responsable train à T&E, « les trains de nuit sont de retour, mais avec des billets souvent trop chers. L’UE promeut la renaissance des trains de nuit, avec l’inauguration en grande pompe du Bruxelles-Berlin, mais rechigne à les aider financièrement. Pendant ce temps, le secteur aérien continue de recevoir de généreuses subventions publiques. L’UE a les clefs en main pour rendre les billets de trains de nuit accessibles à tous les citoyens. »

    Alors que de plus en plus d’entreprises cherchent à améliorer leur bilan carbone, il est crucial de rendre le voyage en train plus attractif pour les voyageurs professionnels. Sur un trajet aller-retour entre Bruxelles et Stockholm, un voyageur professionnel en cabine privative pourrait économiser jusqu’à 160€, soit 19 % du prix des billets grâce à l’application des deux mesures étudiées. 

    Gommer les désavantages par rapport à l’avion 

    Depuis 2020, plusieurs lignes de trains de nuit ont été relancées en Europe, en raison de l’urgence climatique et de la recherche de moyens de transport plus écologiques. Le train a en moyenne un impact climatique 28 fois moins important que que l’avion [1]. Mais le prix des billets décourage souvent les voyageurs. Un sondage mené parEurope on Rail en 2021 a montré que 70 % des Européens prendraient le train de nuit si les prix étaient « raisonnables » [2].

    Les trains de nuit peinent à concurrencer les avions low-cost car leur coût est très dépendant de la distance parcourue. Pour les longues distances, les trains doivent payer de lourds péages pour l’utilisation du réseau ferré. Dans le secteur aérien, les coûts liés au décollage et à l’atterrissage de l’appareil constituent la majeure partie des coûts d’exploitation, ce qui explique que le train ait l’avantage économique seulement sur les courtes distances, lorsque les péages sont plus faibles. 

    Pour compenser ces désavantages, les trains de nuit devraient bénéficier d’une fiscalité plus juste et de péages ferroviaires réduits. Alors que l’UE prévoit de publier des directives sur les coûts du ferroviaire d’ici la fin de l’année, l’étude recommande que les trains de nuit en Europe bénéficient d’un taux de TVA de 0% et d’une réduction des péages ferroviaires. C’est d’ores et déjà le cas en France, où les trains de nuit sont considérés comme un segment de marché peu rentable donc avec des péages réduits.

    Pour soutenir fortement le développement des trains de nuit, les États membres pourraient également exonérer  totalement de péages ferroviaires les trains de nuit internationaux. C’est déjà le cas en Belgique, où le gouvernement rembourse les péages et le coût de l’énergie aux opérateurs de ces lignes. T&E rappelle aussi que développer les trains de nuit contribue à maximiser l’usage du réseau ferré, qui est souvent sous-utilisé ou fermé la nuit.

    Pour Nicolas Forien, du collectif« Oui au train de nuit », « l’UE doit s’engager pour faire du train de nuit l’option la plus attractive pour traverser le continent. Une fiscalité et des péages plus justes contribueront à rendre le rail accessible à tous, et il y a besoin aussi de financement public pour l’aménagement du territoire, afin de ne pas abandonner les villes moyennes et les territoires excentrés. C’est gagnant-gagnant pour le climat et pour les citoyens. »


    Notes aux éditeurs 

    [1] Voir: Back-on-track.eu (2022). The Global Warming Reduction Potential of Night-Trains. 

    [2] Voir :  https://europeonrail.eu/portfolio/european-public-opinion-poll-shows-support-for-shifting-flights-to-rail/