• Le Parlement européen approuve la loi sur la réduction des émissions de CO2 des poids lourds

    Pour Transport & Environnement, la loi permettra aux constructeurs de camions d’investir plus sereinement dans les véhicules zéro émission.

    Le Parlement européen a approuvé la semaine dernière la loi sur les émissions de CO2 des véhicules lourds. Elle prévoit que la quasi-totalité des nouveaux camions vendus en 2040 soient zéro émission. Comme le rappelle Transport & Environnement (T&E), cette loi réduira les émissions de CO2 des poids-lourds de 62% en 2050 (par rapport à 1990), et aidera les constructeurs européens de camions à faire face à la concurrence des constructeurs américains et chinois.

    La loi sur les émissions de CO2 des poids lourds est le principal outil pour décarboner le transport routier

    Les constructeurs devront réduire les émissions moyennes des camions neufs de 45% en 2030, 65% en 2035 et 90% en 2040. A partir de 2035, ces obligations s’appliqueront aussi aux catégories spécifiques des bennes à ordures ainsi qu’aux camions de chantier. Les fabricants de remorques devront également réduire leurs émissions de 10% en 2030.

    Marie Chéron, responsable des politiques véhicules à T&E France, analyse l’accord: « les constructeurs européens de camions disposent désormais d’une feuille de route claire pour produire des camions zéro émission. Et les Etats membres ont un un calendrier de déploiement  des bornes de recharge sur les axes routiers principaux. Le cadre européen réglementaire est donc clair. Il est maintenant indispensable que les Etats participent à concrétiser cette ambition, en engageant l’ensemble des acteurs de l’écosystème, transporteurs, chargeurs et commissionnaires, dans cette transformation ».

    A très court terme, le gouvernement français est appelé à clarifier le montant des aides à l’achat de camions électriques pour les transporteurs en 2024. L’appel à projet “Ecosystème électrique, piloté par l’Ademe a permis de financer plus de 1000 véhicules électriques en 2023. L’annonce en décembre dernier du Gouvernement de renouveler ce dispositif n’a à ce jour pas été suivi d’effets. « Les incertitudes qui pèsent actuellement sur ces aides font courir le risque d’une année blanche pour l’industrie, et d’un point noir pour le climat », poursuit Marie Chéron. 

    Carburants alternatifs : un rôle dans la transition qui reste à démontrer

    La nouvelle loi prévoit également que la Commission européenne évalue l’intérêt des carburants de synthèse pour les camions. D’après l’accord obtenu entre les eurodéputés et les gouvernements, la Commission devra estimer l’opportunité de faire une proposition pour que les camions puissent rouler uniquement avec ce type de carburant (sans possibilité d’utiliser du carburant fossile). 

    « Le compromis trouvé va permettre aux constructeurs d’avoir une vision de long terme de la décarbonation de leur secteur, et de pouvoir investir dans la chaîne de valeur du véhicule électrique : batterie, infrastructures, recyclage etc., affirme Marie Chéron. Par contre, il faut être lucide : les solutions telles que les biocarburants et les carburants de synthèse, parce qu’ils ne permettront de couvrir que quelques pourcents des besoins, sont au mieux une solution de transition dans certains cas, au pire une impasse qui pourrait coûter cher aux acteurs du transport routier. »

    Selon T&E, pour respecter les objectifs de l’Union européenne, au moins 31% des camions et bus neufs vendus en 2030 devront être zéro émission. Cette proportion passera à 77% en 2040. A l’échelle du parc, 30% des poids lourds circulant sur les routes seront zéro émission en 2040. Pour rappel, le fret routier est le deuxième secteur le plus émissif du transport, derrière les voitures. 

    Pour en savoir plus : “Camions électriques : démêlons le vrai du faux”, AVERE – UFE, avec la participation de T&E, IMT et ICCT, Mars 2024.