• Volvo et VW, les seuls constructeurs automobiles en voie de passer à l’électrique à temps – étude

    D’après une analyse récente de Transport et Environnement (T&E), Volvo et Volkswagen sont les seuls grands constructeurs automobiles prêts à passer à l’électrique dans le cadre des objectifs climatiques européens.

    T&E a effectué un classement de l’aptitude des grands fabricants européens à passer à l’électrique d’ici 2030[1]. Celui-ci révèle d’importantes différences dans leurs projets, en matière d’ambition et de qualité. Si Volkswagen et Volvo mettent en place des stratégies agressives et crédibles, les objectifs des autres acteurs tels que Ford, bien qu’ambitieux, sont soutenus par des plans inadéquats. Stellantis, Daimler, BMW, Jaguar Land Rover et Toyota sont les plus mal classés, avec peu d’ambition et aucun plan pour concrétiser un avenir électrique.

     

    Julia Poliscanova, directrice principale des véhicules et de l’e-mobilité, a déclaré : « Les constructeurs automobiles veulent à tout prix redorer leurs blasons écologiques, mais, en réalité, la majeure partie d’entre eux sont à mille lieues de là où ils devraient se situer. Même ceux qui ont des ambitions manquent d’une stratégie adaptée pour les réaliser. Les constructeurs ont échoué à tenir leurs promesses dans le passé, qui sait si cette fois-ci sera différente ? »

    Le rapport révèle également que :

    • La production des BEV au sein de l’UE27 devrait augmenter d’environ 1 million d’unités en 2021 (7,4 % de la production) pour atteindre 3,3 millions d’unités en 2025 (24,2 %) et dépasser les ventes d’ICE en 2030 à hauteur de 6,7 millions (50,2 %).
    • Les plans de production des constructeurs automobiles indiquent que les véhicules hybrides rechargeables (VEHR) devraient atteindre leur pic de 1,6 million d’unités en 2026 (12 % de la production automobile totale), avant de stagner pendant la deuxième moitié de la décennie.
    • Ford a pris l’ambitieux engagement d’électrifier totalement sa flotte d’ici 2030. Mais le constructeur semble pris par le temps. On s’attend à ce qu’il produise seulement 13 % de BEV d’ici 2025.
    • Toyota n’a pas fixé d’objectif pour 2030 et prévoit de produire seulement 10 % de BEV en 2025. On s’attend à ce que le constructeur parie sur les technologies hybrides polluantes (44 % de la production en UE en 2030).

    Le rapport soulève des inquiétudes au sujet de la fiabilité des engagements volontaires des constructeurs automobiles, qui ne sont pas assez importants ni sous-tendus par une stratégie industrielle cohérente. Même si les promesses actuelles sont tenues, on s’attend à ce que les ventes européennes de véhicules à batteries électriques soient au moins 10 points de pourcentage en deçà du niveau qu’elles devraient atteindre en 2030. Selon T&E, si l’on veut que les constructeurs automobiles redoublent d’efforts pour produire suffisamment de voitures électriques abordables pour décarboner d’ici le milieu du siècle, les instances européennes doivent fixer des objectifs contraignants en matière d’émission de CO2 des voitures dans la prochaine décennie, l’idée étant d’atteindre deux tiers de voitures totalement électriques d’ici 2030, et la totalité d’ici 2035.

    Diane Strauss a conclu : « Les constructeurs français ont récemment annoncé des objectifs relativement ambitieux en matière d’électrification. Ces objectifs ne se reflètent pas encore dans les plans de production et laissent la porte ouverte à la production d’hybrides rechargeables, qui émettent bien plus sur la route qu’affiché officiellement. Il est encore temps pour les constructeurs français de choisir le tout électrique »

    Recommandations :

    • Une norme renforcée pour 2025 de -25 % et un objectif supplémentaire d’au moins -40 % en 2027 sont nécessaires pour rendre les voitures électriques abordables, et l’industrie automobile de l’UE compétitive à l’échelle mondiale.
    • Un objectif d’au moins -65 % pour 2030, suivi d’une élimination totale des véhicules à combustion interne en 2035.
    • Pas de multiplicateurs ni de crédits pour les VEHR actuels, dont les valeurs de CO2 doivent être ajustées aux émissions réelles.
    • Pas de crédits de carburant et renforcement des mesures pour lutter contre les failles réglementaires existantes telles que les objectifs indexés sur la masse des véhicules.

     

    Notes aux éditeurs

    [1] L’indice de préparation des VE de T&E permet d’examiner les ventes de VE actuelles et à court terme, ainsi que les stratégies industrielles plus générales des constructeurs automobiles (chaîne d’approvisionnement de batterie, infrastructures de recharge, plateformes de BEV dédiées, etc.).