• Différentes ONG manifestent à Bruxelles pour demander aux législateurs européens de choisir la nourriture plutôt que le carburant

    Des ONG dont Oxfam, Deutsche Umwelthilfe et T&E, soulignent l'absurdité de brûler des aliments pour produire des carburants, à l'approche du vote du Parlement européen sur la loi européenne sur les carburants verts.

    Des ONG de premier plan, dont Oxfam, Deutsche Umwelthilfe et Transport & Environment, manifesteront demain matin devant le Parlement européen sous l’hashtag #FoodNotFuel. La manifestation appelle les législateurs européens à cesser d’encourager la combustion des cultures alimentaires pour le carburant – une pratique qui contribue à la crise alimentaire mondiale.

    L’action commune, qui débutera à 8 heure devant le Parlement européen, place du Luxembourg, mettra en évidence l’absurdité d’utiliser des cultures vivrières en vue de produire des carburants.Cette action est soutenue par de nombreuses ONG de toute l’Europe. 

    La culture de plantes destinées à la production de biocarburants utilise de vastes superficies de terres dans le monde entier. Cela entraîne la déforestation, pousse les communautés locales à quitter leurs terres, alimente la crise climatique et contribue à la faim dans le monde.

    Les prix des denrées alimentaires, déjà élevés de manière inquiétante auparavant, sont montés en flèche en raison de la guerre en Ukraine. Les sécheresses record qui frappent l’Europe et d’autres régions du monde ne feront qu’aggraver la crise. Cette situation pousse des millions de personnes supplémentaires au bord de la famine et beaucoup d’autres dans une grave insécurité alimentaire.

    Malgré cela, l’Europe transforme chaque jour l’équivalent de 15 millions de miches de pain et de 19 millions de bouteilles d’huile de tournesol et de colza pour alimenter ses voitures et ses camions. Les ONG appellent les législateurs européens à mettre fin à l’utilisation des biocarburants végétaux lors du vote sur la nouvelle directive sur les énergies renouvelables (RED) au Parlement européen le 13 septembre. 

     

    Citations

    Marc-Olivier Herman, expert en justice économique chez Oxfam : « L’UE parle beaucoup de la sécurité alimentaire et de la lutte contre la faim dans le monde. Pourtant, elle continue à promouvoir l’utilisation de nourriture pour alimenter les voitures. Non seulement cela perturbe les marchés alimentaires mondiaux en faisant grimper les prix des denrées alimentaires, mais cela ne contribue en rien à rendre les transports européens plus écologiques. Nous avons vu la faim monter en flèche cette année et des millions de personnes ont été poussées au bord de la famine. Les députés européens ont l’occasion de mettre fin à cette folie en votant la suppression du soutien à ces types de carburants issus de cultures alimentaires. »

    Johanna Büchler, experte principale pour le transport et le climat à Deutsche Umwelthilfe : « Utiliser des aliments comme carburant est une idée terrible : cela signifie des millions d’hectares d’agriculture intensive supplémentaires. Cela alimente la crise alimentaire, la crise climatique et la crise de la biodiversité en même temps. Les législateurs européens doivent de toute urgence cesser de récompenser cette fausse technologie “verte” par le biais de la directive européenne sur les énergies renouvelables. Nous avons besoin de nos terres pour produire de la nourriture pour les gens et restaurer les écosystèmes naturels. »

    Maik Marahrens, Senior Campaign Manager Biofuels & Energie chez T&E : « Nous ne pouvons pas transformer des aliments pour en faire du carburant, encore moins en période de famine. Si l’Europe seule mettait sur le marché mondial les céréales alimentaires qu’elle utilise pour produire des biocarburants, nous pourrions nourrir des millions de personnes. Les législateurs européens ont une chance d’arrêter cela lorsque le Parlement européen se réunira en septembre. Le monde nous regarde. »

     

    Notes aux rédacteurs

    [1] La manifestation aura lieu le 6 septembre à 08h00, Place du Luxembourg, Bruxelles. Pour demander une interview, veuillez contacter : sam.hargreaves@transportenvironment.org, jade.tenwick@oxfam.org, presse@duh.de

    [2] Les membres du Parlement européen voteront sur la directive sur les énergies renouvelables le 13 septembre. Ce vote formalisera leur position avant les discussions en trilogue sur la nouvelle loi avec le Conseil et la Commission européenne. Les organisations appellent les députés européens à voter pour la proposition qui garantit le retrait le plus large et le plus rapide des denrées alimentaires du mélange de biocarburants de l’UE, et qui inclut une élimination immédiate du diesel de palme et de soja.

    [3] Les biocarburants font grimper les prix des aliments. De nombreuses études menées par l’IFPRI, T&E et Oxfam ont mis en évidence la façon dont les biocarburants augmentent le coût des aliments dans le contexte de la crise alimentaire de 2008. 

    Lisez le rapport Transport & Environment de mars 2022 Food not Fuel, qui indique que l’Europe brûle chaque jour l’équivalent de 15 millions de pains pour alimenter nos voitures. 

    Oxfam publiera le 8 septembre un document d’information sur le système alimentaire défaillant, intitulé Fixing our Food : debunking 10 myths about the global food system and what drives hunger. Le rapport comprend une section sur la contribution des agrocarburants à la crise alimentaire. Veuillez contacter Oxfam (jade.tenwick@oxfam.org) pour obtenir une copie sous embargo.

    [4]Les biocarburants d’origine agricole génèrent jusqu’à trois fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que les carburants fossiles tels que le diesel. Ils sont cultivés sur des terres qui, si elles étaient consacrées à la séquestration du carbone, pourraient contribuer davantage à l’atténuation du changement climatique.

    [5] Les ONG qui soutiennent ce communiqué de presse sont Rainforest Foundation Norway,  Welthaus Graz (L’Autriche), ZERO – Associação Sistema Terrestre Sustentável (Portugal), Žiedinė ekonomika (Lituanie), Focus (Slovénie), BirdLife Europe and Central Asia, Canopea (Belgique), NABU (Naturschutzbund Deutschland) e.V. (Allemagne), Rådet for Grøn Omstilling (RGO, Danemark), Robin Wood (Allemagne), Legambiente (Italie)